Histoire de Soissons-sur-Nacey

Le nom

Aux Archives Départementales apparaît en 1239 le nom de SAIXONS… faut-il y voir là l’origine du nom ? Le territoire a-t-il été attribué ou occupé par une tribu germanique, saxonne ?

Les Varennes

Puis viennent SESSONS (1243), SAISSUNS (1250), SEISSONS (1264), SOISONS (1273), SAISSONS (1292 et 1354), SAISSON (1309 et 1352), SOISSONS (déjà en 1312), SAIXON (1316).

En 1658 et jusqu’en 1682 le village est dit « LES VARENNES »… plus précisément  « LES PETITES VARENNES » en opposition aux « GRANDES VARENNES » autrement dit VIELVERGE. Cette dénomination cohabite avec SOISSONS qui s’imposera définitivement… ou presque !

Une circulaire ministérielle du 31 août 1936, relayée par une lettre du préfet en octobre, demande le changement de nom de la commune. Le Conseil municipal réunit le 7 novembre 1936 donne un avis favorable au changement de nom, mais refuse celui de « SOISSONS-LES-PONTAILLER » et propose « SOISSONS-SUR-NACEY », “plus court, plus joli, évite bien toutes les confusions et rappelle un fait géographique : le Nacey est un petit cours d’eau traversant la commune…” (sic)

Le 5 août 1937, le Journal Officiel autorise la commune à prendre le nom de « SOISSONS-SUR-NACEY »

 

L’histoire

L’Antiquité

Si le site a été fréquenté dès le néolithique comme en témoignent les outils en pierre polie découverts sur le territoire, il n’en reste aucune trace aujourd’hui. Une « villa », (une ferme) romaine ou gallo-romaine était établie près du village actuel ; la toponymie en conserve la mémoire : la rue de la Velle…
Peut-être est-ce là que s’est installée une tribu saxonne qui aurait donné son nom au village ?

 

Le Moyen-âge en Bourgogne

Le village, comme celui de VIELVERGE et de PERRIGNY-SUR-L’OGNON est Terre d’Outre-Saône, loin des autorités civiles (Comté de Bourgogne) et religieuses (Diocèse de Besançon). Au XIIIème siècle, le Comte de Bourgogne échange avec le Duc de Bourgogne les Comtés de Chalon et d’Auxonne contre la Baronnie de Salins et d’autres terres. Les nombreux nobliaux possesseurs de quelques « ménages » de serfs à SAIXONS prêtent hommage au Duc de Bourgogne et finalement vendent tout ce qu’ils possèdent au Duc au XIVème siècle … et le village rejoint (avec VIELVERGE et PERRIGNY-SURL’OGNON) la Châtellenie de PONTAILLER. La peste noire entre 1346 et 1349 et les Grandes Compagnies de mercenaires durant la Guerre de 100 ans ravageront la région et contribueront à une diminution importante de la population (Il y avait 120 « feux » payant l’impôt en 1400, il n’y en aura plus que 30 en 1600).

Soissons: Entrée du village
Soissons: vue générale

Il n’y a donc pas de seigneur à SOISSONS, les habitants sont tous serfs ou déjà quelques-uns affranchis (en 1375, le village compte 71 « feux » : 56 serfs, 4 affranchis et 11 misérables). Ils dépendent du Duc qui leur accorde en 1418 le droit (contre cens) de pâturer et d’utiliser l’Etang et le Bois des Hyes et qui les affranchit au XVème siècle (PERRIGNY : 1448). La communauté des habitants élit chaque année 2 échevins qui les représentent, un garde des bois et 2 « messiers » qui sont chargés de surveiller les champs. Ils paient au Roi, outre la taille, le cens sur le Bois des Hyes et les champs de l’Etang et de la Verveille, paient la dîme au curé de VIELVERGE (puisqu’ils sont de la paroisse de VIELVERGE) et doivent utiliser le moulin et le four banal.

 

La Renaissance et les Temps Modernes en France

Le XVIème siècle verra la confirmation des privilèges du village par le Roi de France suite au rattachement de la Bourgogne à la France. Il verra encore la diminution du nombre d’habitants due aux passages répétés de troupes (Guerres contre l’Espagne) qui continueront au XVIIème siècle (Guerre de Trente ans) avec le saccage de SOISSONS, totalement anéanti en 1636 par Gallas et ses soldats.

Voici la description qu’en fait en 1645, Girard RICHARD, élu pour le Roi aux Etats de Bourgogne qui visite les campagnes pour y établir les rôles de taille : “nous constatâmes que personne ne s’y était retiré à cause qu’il n’y a aucun reste de maison, tout y ayant été brûlé et il n’y apparaît que depuis longtemps personne ne veuille s’y établir à cause que tout y est tel et intact ; il y avait bien, avant la guerre 40 ou 50 maisons et ledit village était estimé l’un des meilleurs du voisinage. Il se reconnaît qu’il était encore de grande étendue par les pans et les pignons de pierres qui y restent. Ladite église étant la plus belle et mieux bâtie qui se pouvait faire, laquelle est entièrement pillée. Bref, d’autant qu’il a été autrefois estimé bon, à présent il est misérable et désert, quoique la terre soit des meilleures, le ou les champs seraient des oignons et pasterailles dont ils trafiquaient et en faisaient un grand profit ; il y a encore force prés qui sont la plupart en buissons à faute de n’avoir été fauchés… même les rues du village sont remplies de bocages ; les bois aussi sont de quantité, il y a haute futaie propre à bâtir.”

 

Le village mettra des années à se relever : un seul habitant imposable en 1645, 33 en 1666, la vie reprenant son cours normal après 1690, la population augmentera tout au long du XVIIIème siècle, pour atteindre 415 âmes lors de l’élection des notables en 1790 ! Ce même siècle verra naître volonté de la communauté de SOISSONS de se séparer de celle de VIELVERGE : le partage du territoire est réalisé en 1744, des bois quelques années plus tard, la construction d’une école en 1779 (Les enfants de SOISSONS allaient à l’école à VIELVERGE). Sur le Nacey, alimenté par un étang, tournait un moulin jusqu’en 1781, date à laquelle l’étang fut asséché et mis en culture.

Soissons: rue du Bief
Soissons: le pont de l’abreuvoir

A la veille de la Révolution, le village compte 34 laboureurs (possédant au moins des animaux de trait et une charrue), 35 manouvriers (ne possédant que leurs bras pour travailler), un meunier, un couvreur, un huilier, un charron et un instituteur ; certains exercent aussi la profession de tisserand, cordier, cabaretier ou sabotier. La Révolution apportera le remplacement des échevins élus pour un an par un maire (Pierre DRY), un procureur, deux officiers municipaux et six notables élus pour deux ans et la Commune nouvellement créée recevra ses propres registres d’Etat Civil. Suivra la création d’une compagnie de 50 Gardes Nationaux (qui réclamera 25 fusils en 1792…), l’élection d’un « volontaire » puis d’une dizaine de soldats en 1793. Enfin les biens communaux seront partagés entre les habitants…

Sur la place du village, « depuis des temps immémoriaux » comme on disait à l’époque se dressait une chapelle dédiée à Notre-Dame dans laquelle le curé de VIELVERGE devait célébrer cinq messes par an le lendemain de chaque fête de Notre-Dame et le jour de la Saint Eloi. Elle fut vendue comme tous les biens ecclésiastiques à la Révolution. La commune décida de se séparer religieusement aussi de VIELVERGE et de construire sa propre église.

L’église
L’intérieur de l’église

Pour cela, elle racheta la chapelle puis fut reconnue « Paroisse », ce qui fut fait en 1839. L’église dédiée à la Nativité de la Vierge célébrée le 8 septembre fut achevée en 1844 et le presbytère en 1864… Il n’y eu guère qu’un ou deux curés, le presbytère, inoccupé, fut loué dès 1905 ! La terrible épidémie de choléra qui toucha les deux villages en 1831 (59 morts) et 1832 (plus de 83) obligea la commune de VIELVERGE de créer en 1833 un nouveau cimetière, l’ancien autour de l’église Saint Maurice, qui recevait les défunts des deux communes étant trop petit. SOISSONS y fut associé pour un tiers des dépenses.

L’école, compte-tenu de l’augmentation de la population s’avérait trop petite, 80 enfants des deux sexes en 1847 : une nouvelle “Mairie-Ecole” fut décidée et terminée en 1852 : école au rez-de-chaussée, mairie et logement de l’instituteur à l’étage.

La mairie-école


Dès 1850 s’amorce une diminution de la population qui perdurera jusqu’aux années 1970… Dans la seconde moitié du XIXème siècle fut aussi construit un lavoir, détruit maintenant, alimenté par une source. Une croix à la dévotion de la Vierge fut érigée sur sa propriété par un particulier. Déplacée pour la sauver de la démolition, elle se trouve actuellement à l’entrée du village.

Le lavoir
La tuilerie
La croix


En 1911, 147 hommes et femmes vivent de l’agriculture, 8 sont manouvriers, 4 couturières, 2 marchands, 2 bouchers, 2 maréchaux-ferrants, 1 maçon, 1 charpentier, 1 bourrelier, 1 instituteur mais 3 tuiliers, 3 cantonniers et 3 cabaretiers… et 1 domestique. La première guerre mondiale mobilise 69 soldats tous âges confondus, 15 donnent leur vie pour défendre leur patrie ; un monument aux morts sera construit en 1921.

Le monument aux Morts
Le café du Centre
La Grande Rue

En septembre 1944, la Première Armée Française, commandée par le Général De Lattre de Tassigny pénètre en Bourgogne et libère villes et villages. Dans le même temps, des groupes de résistants prennent possession des bourgs: ainsi le groupe BDU3 libère Pontailler dès le 6 septembre. Le groupe BDU3 a été créé en décembre 1943 dans la forêt de Longchamp. Les FFI du groupe Du Guesclin et du groupe 313 prennent Auxonne les 7 et 8 septembre. Ils sont rejoints le samedi 9 septembre par les hommes du groupe BDU3 et des chars américains de la Première Armée. Pontailler sera rallié le 11 septembre par le 3ème escadron du 2ème Régiment de Spahis Algériens de Reconnaissance. Et Soissons ?
Si on sait où ont été prises ces photos, on ne sait pas quand… les 9, 10 ou 11 septembre? Ni de quel régiment il s’agit… car le 3ème escadron n’était pas équipé de char mais d’automitrailleuses… peut-être le 1er Régiment de Zouaves… ou encore un élément du 6ème Corps d’Armée américain.

Dans la cour du 10, rue de Flammerans
Rue des Cailloux
jeunesse-liberation-soissons
La libération fêtée par la jeunesse de l’époque